Non, encore une fois votre indiscrétion ne sera pas satisfaite. D’ailleurs peu importe son nom, nous l’avons si peu connue. (M et moi, en d’autres temps, non clairement identifiés, nous l’avons en effet quotidiennement côtoyée, dans un cadre plus ou moins professionnel, provisoirement professionnel, sans qu’elle fût jamais pour nous autre chose qu’une vague relation).
Que lui est-il arrivé ? (J’ai bien peur, et cette peur est plus, bien plus qu’une simple peur, qu’il arrive forcément quelque chose à quelqu’un, pour peu que la vie nous le fasse perdre de vue un instant. Ne partagez-vous pas mes craintes ?)
Fière de sa beauté – de son « physique » – flattée par des regards peut-être superficiels (qu’on était en droit de soupçonner de superficialité), elle vaquait à son travail, sûre de l’admiration générale. La voici désormais toute défigurée (j’ai peine à vous imposer un spectacle aussi douloureux), monstrueuse caricature d’elle-même ; son petit corps difforme, la peau de son visage boursouflée, creusée de crevasses luisantes ; même son cuir chevelu (elle tient malgré tout à conserver ses cheveux longs) laissent apparaître, se dénudant par endroits, d’écœurantes pustules.
Nul doute qu’elle sait, qu’elle est consciente à présent de l’image qu’elle nous offre – à vous comme à nous. Elle l’assume, et son courage indiscutablement – vous en conviendrez – mérite notre admiration. Elle se réconforte à la pensée de son travail bien fait, son travail de tout temps irréprochable. (Tout dans ses gestes semble réclamer notre acquiescement : N’est-ce pas ? Mon travail a toujours été irréprochable.)
Et pourtant ce n’est pas vrai, me dit M (et la voix de M n’est autre que la mienne parlant vrai) ; et pourtant ce n’est pas vrai ; et peut-être faudrait-il qu’elle le sache, peut-être faudrait-il lui retirer cette dernière illusion ; non, son travail non plus n’a jamais été irréprochable, loin, loin de là, bien au contraire ; ni autrefois, quand son apparente beauté masquait son incompétence ; ni aujourd’hui, où celle-ci disparaît sous la pitié que son aspect désormais nous inspire.
Thaddée 03/09/2011 15:22
PhA 03/09/2011 22:32
Lepetitmachinchose 02/09/2011 19:42
PhA 03/09/2011 10:06
Dominique Hasselmann 02/09/2011 07:40
PhA 02/09/2011 08:02